reptile

Atypique, il suffit d'écouter les premières mesures de Little Teeths. Cette longue introduction nous plonge dans l’univers du Doc, et si ce premier morceau peut parfois manquer de cohérence, notamment dans ses transitions, l’atmosphère qui se dégage de ce premier titre donne envie d’aller plus loin. Et cette atmosphère, elle est glaciale, voire malsaine. Pour comprendre, il faut remonter plus loin, le Doc a été bercé durant une bonne partie de son enfance par Marilyn Manson, et cite volontiers Nine Inch Nails comme une de ses références. On comprend mieux d'où viennent ces sonorités.
Prévenons tout de suite notre lecteur dub addict aguerri : ici il ne sera quasiment pas question de dub. Bon à part sur un morceau : Monster. Là on pense à ce que pourrait nous faire Dubphonic, mais c’est le même crédo, si la basse crache des bon subs, l’ambiance reste froide, presque parfois brutale, en témoigne les samples vocaux triturés dans tous les sens vers la fin…
Cette brutalité se retrouvera catalysée dans le morceau suivant. Après coup on se dit qu’avant c’était un tour de chauffe, et qu’on passe aux choses sérieuses avec Cobrabortion. Et le plus notable c’est de revenir, par les influences indus cités précédemment, aux fondamentaux du dubstep : un son futuriste et urbain. Sans oublier une pointe d’angoisse et de tragédie. On récidivera plus loin avec Green Brains, qui démarre sur une intro jazzy avant de muer en électro/jungle, et pour les amateurs du genre encore des gros woobles.

Tout cela semble presque comme surgir d’un rêve, et quand on voit le nom de la 4ème piste on comprend soudainement. C’est justement cette atmosphère qui sert de pierre angulaire à l’EP. Il s’apparente plus à une sorte de compilation, centré autour d’une thématique reptilienne (d’où le titre, au passage). Sauf que ce rêve une fois de plus, est d’un froid quasi polaire et silencieux. Sur Viper’s dream on fait dans le minimal, pas beaucoup d’instruments, et quelques coups de pressions sur des passages électro.
C’est un peu comme un cache-cache, le même que dans la final tune, Crocodie. Risquons une hypothèse analytique douteuse : on a le sentiment que le crocodile ne sera jamais achevé. Le titre commence très sereinement avec une intro au piano, et soudain la tension monte. Un gros « wahahah » appuyé par un kick fend l’air. Forcément on dit que ça va s’emballer, que tout va finir par exploser à force… sauf qu’il n’en sera rien, tel une bête sauvage enragé qui ne parvient pas à se défaire de ses chaînes, la mélodie ne parviendra pas à se libérer.

La petite touche en plus qu’on savait pas trop où mettre, chaque titre est accompagné de visuels réalisés par Samia Lamri : bonne illustration de l’univers de Dr Rotten.