Garance Reggae Festival XX

40 artistes sur 4 jours, rien que ça, avec des moments de grâce comme la revue de Studio One, Burning Spear, Jah Shaka, Twinkle Brothers, Midnite ou King Jammy en format sound system. Les organisateurs avaient préparé une affiche complète, brassant toutes les énergies en présence du dub et du reggae d’aujourd’hui. Et bien le pari fut réussi, ces 4 jours ont été magiques, tant l’ambiance générale, les artistes, le off et le public furent plus qu’à la hauteur. C’est 20 ans de reggae et de dub en 4 jours dans un village Full Of Vibes. C’est une musique, le reggae, qui se décline ainsi sous de multiples diversités avec toujours plus de modernité.

Le site agrandi par rapport à l’année dernière propose 2 plateaux, un Reggae Oriented sur la grande scène à un bout du festival et un plateau dub sound system sur le côté opposé. Le tout encadré par le village du festival avec ses échoppes en tout genre et ses petits espaces de restauration.

Une double arène de choix pour 4 des plus beaux jours du reggae et du dub

Nous vous proposons de retracer ensemble les highlights de ces 4 jours en attendant le montage vidéo « Deep Inna Dub Festival » prévu pour bientôt...

Garance Reggae Festival - Chapter XX – Day One


Ouverture du village Garance Reggae Festival vers 17 h 00, avec un Warm Up d’anthologie sur la grande scène. En effet, le sound system parisien Soul Stéréo entamait son set pour chauffer, comme il se doit, les massives qui commençaient à arriver sous le soleil rasant de la fin d’après-midi.

On n’a pas vraiment attendu pour glisser directement avec la première partie de Studio One. Pour fêter les 50 ans de Coxonne et de Studio One, Soul Stéréo avait fait la prouesse de nous ramener 10 des plus emblématique chanteurs originaux du mythique Studio One pour les faire chanter sur les riddims originaux. De King Stitt à Willie Williams, Wiston Françis à Prince Jazzbo ou encore Dillinger et consorts. Inna Rub A Dub Style.

Soul Stereo

On commença Rocksteady avec Alpheus qui, même si c’était le dernier homme signé par Coxonne sur son label, possède encore un côté ska bien vintage. Son show case était vraiment très rocksteady, mais ça posa correctement les fondations de la soirée.

On enchaîna alors avec Winston Françis, en tenue glam bleu électrique, avec sa voix si sweet & soul. Son sens du rythme et la douceur qui émane du personnage finissent de conquérir, s’il le fallait, le public chaud bouillant.

Alpheus WInston Francis

Du côté du Dub Station, les Rouennais de Stepping Forward commençaient à chauffer les premières basses de la face sound system. La pression se mit à monter sous les relances du crew au micro et des wicked tunes qu’ils ont joués ce soir-là. Du dub traditionnel au pur steppa, le crew possède un style parfait pour commencer cette petite semaine.

L’arrivée de King Stitt sur la grande scène fut le premier moment d’anthologie du festival, tant le moment fut sacré pour beaucoup d’entre nous. Rub a Dub Style Original King Stitt au micro pour décrocher 3 tunes aux échos si particuliers. Alors la vieillesse prononcée du Singer ne nous a pas permis de prendre plus le set à son compte, mais son style syncopé était toujours là, violent. Et tout le public prit cet instant comme un morceau d’histoire tant le moment est rare.

On finira à un rythme soutenu Dawn Pen et Carlton Livingston pour laisser la place à Burning Spear devant une assemblé qui avait révisé en 2 heures les grandes heures de Studio One sous les annonces rageuses de Fatta et Rico de Soul Stéréo.

King Stitt Dawn Penn Jim Brown Carlton Livingston

Au Dub Station, Lion Youth boucla un set roots & culture très propre, mais les versions que le crew a joué ce soir furent un peu occultées par l’événement Winston Rodney…

Un Burning Spear flamboyant se présenta devant les 10 000 personnes présentes pour ce premier jour. On aurait pu craindre plein de choses avec toutes ces années, on a été rassuré tout de suite quand ont résonné les premières syllabes de « Days of Slavery ». La même voix, rauque, lente et râpeuse, accompagné d’un reggae lourd et si personnel. Un show solide avec un Burning Spear pas très remuant mais concentré à l’extrême dans sa partie chant et ses sessions au conga si entraînantes. C’est carré, Winston Rodney chante ses chansons à la perfection accompagné d’une rythmique rajeunie mais à l’écoute de son mentor. Le temps d'enchaîner un "Rocking Time" avec un "Foggy Road" et l’on semble revivre tant la magie est intacte, tant le groove est là, tant le public est conquis. Burning Spear aux congas entraîna l’immense foule acquise à sa cause dans les recoins des montagnes de Saint Anne ce soir-là. Alors il vrai que les "Creation Rebel" ou les "Jah No Dead" aurait pu êtres un peu plus lourds et vengeurs, mais le plaisir fut total, tant pis si parfois la nouvelle rythmique de Burning Spear semble être un peu en retrait. C'est roots reggae fondation, classic outta classic one more times… On aura du mal à quitter ce groupe et c'est avec regret que l'on vit disparaître la légende dans les effluves de la pénombre. Nous aurons eu la chance de voir Burning Spear chantant Rastafari avec la même énergie qu’il y a 20 ans et qui rappela aux organisateurs le concert que le maestro avait fait à Bercy bien des années auparavant.

Burning Spear Burning Spear

Un petit retour au Dub Station ou T.i.T retourne les massives sous un Dub vitaminé accompagné de Musical Riot. Un set lourd très dansant pour les massives qui s’amoncelaient devant les boîtes vibrantes. Avec des dub musclés, T.i.T s’est taillé la part du lion avec des instrumentaux solides très electro et des versions avec plus de skanks ridées par MCOliva et Ras Mykha.

C’est le cœur de la nuit, et tu as le choix entre deux facettes du reggae : Studio One Fondation en format Sound System et New School au Dub Station C’est géant comme sensation, pouvoir basculer de l’une à l’autre, en un instant.

Le public hébété laissa la nuit s’installer définitivement pour finir sur la grande scène par le gros de la soirée Studio One. En effet après leur premier show, Soul Stéréo, revenait en fin de soirée ; en format sound system pour enchaîner les perles du label de Coxonne avec les différents chanteurs sur toutes les versions. Lone Ranger en super forme, avec son style yardies se mit au diapason d’un Jim Brown très puissant qui rythma les passages plus mélodiques de Carlton Livingston ou de Willie Williams. Alors voir le Real Rock avec Sir Williams "Armagideon Times", enchaîné avec le "Cocaine in my Brain" de Dillinger fut monstrueux !!!!! Le riddim sonnait comme une tune actuelle, full of bass, et Jim Brown nous envoya du lourd pour lancer les forwards magistrales de Prince Jazzbo. Un Prince Jazzbo enormissime ce soir-là, avec de la dynamite au micro et une démarche chaloupé qui obligeait le sélecteur à forwarder la tune à chaque instant. Chaque entrée, chaque cassure de rythme de ses rub a Dub, furent acclamé par une foule en extase... Le « No, No, No » de Dawn Pen aurait mérité d’être accompagné du superbe « Let’s Go To Zion » de Wiston Françis. Gussie P nous aura heureusement remis à niveau plus tard dans le festival. Une soirée incroyable, Sound System style, réminiscence des plus grandes heures de Studio One du très éclairé Sir Coxonne. Respect Soul Stéréo, c’était superbe.

Prince Jazzbo Willi Williams

Un petit retour par le centre du village pour finir au Dub Station ou Blackboard Jungle étrenne son nouveau stack. 12 nouveaux scoops pour un son bien lourd, très chaud, avec une belle harmonie dans les médiums. Une session de fin en format Dub Fi Dub pour asseoir définitivement cette première journée.

Un petit retour au camping, ou les micro sound system fleurissent toutes la nuit variants les ambiances plus ou moins dancehall. Des sound system en format tentes, mais qui t’accompagnent jusqu’aux premières lueurs du matin suivant l’endroit où tu as décidé de planter ta tente. C'est semble-t-il moins l'anarchie que l'année dernière, les sounds jouent raisonnablement, on peut s'endormir…

Dub Station

Garance Reggae Festival - Chapter XX – Day Two

Le petit réveil du matin du deuxième jour s'ouvre sous les basses ronflantes du Jumbo Rock Sound System qui a pour l'occasion posé ses boîtes sous un grand chapiteau dans le camping. La voix de Ganja Tree ne tarda pas à mettre tout le monde au pas de cette nouvelle journée de folie. Tous les campeurs se sont dirigés vers la Cèze qui coule toujours au milieu du Reggae Camp, les courants chahuteurs portant avec la même hargne les massives en quête de fraîcheur. Ambiance Roots & Irie, familiale et conviviale à souhait. Tout le monde prend la vibes et se redirige tranquillement vers le village du festival.

Jumborock Sound

La deuxième journée démarre doucement avec Natty sur la grande scène, les gens éparpillés écoute d'une oreille discrète avant de se chauffer sous les vivats des premiers supporters.Le show ajoute des fowards bien malvenus, tant le site résonne encore des frasques de la veille.

Clinton Fearon enchaîne avec sa voix si particulière, et même si le show de l'ancien Galdiators n'a pas été le moment chaud de la journée, force est de constater que son timbre de voix est vraiment d'une chaleur sans commune mesure. Le show est assez classique, mais nous emmène tout doucement dans le vif du sujet.

Clinton Fearon

Jimmy Cliff n'a pas son pareil pour vous déstabiliser un amateur de reggae classique. Son sens de la world musique est reconnu, mais il tarde à convaincre les plus réticents des dub addicts. Néanmoins les nombreux spectateurs plus mainstream ont chantés sur le "Reggae Night" et le traditionnel "Many Rivers To Cross". Jimmy Cliff, c'est toujours un peu la même chose, on se dit toujours à la fin d'un show que c'est un artiste complet, qu'il a cette petite touche de génie en plus, mais qu'il ne fait pas les chansons que tous les massives veulent écouter. (Du reggae lourd à souhait, et ça arrive à grands pas…) Imaginez la tête des fous de pur reggae quand ils ont entendu Jimmy entonner "Hakuna Matata". Même si il en faut pour tous les genres, on se blase vite de ce genre de show. Dommage, le fameux "The Harder They Come" est quand même une sacrée tune…

La nuit commence doucement à tomber sur le festival et Ken Boothe entre en scène, la voix de velours est de retour. Son rocksteady musclé n'est pas des plus neuf, mais son timbre de voix phénoménale, est toujours aussi captivant. Et rien que pour entendre sa version mystique de "Because I'm Black", ça valait le coup de quitter à regret les boîtes du Dub Station. On skanka dur sur un très bon "When I fall in love" et on se remonta tranquillement les chemins du ska et des pères du reggae…Après les connaisseurs reconnurent le "Every Thing I Own" qui les entraîna doucement dans des ambiances plus endiablées.

C'est vraiment à partir de la fin de Ken Boothe et du début de Sly & Robbie que tout le monde à commencer la navette entre la scène et le Dub Station. En effet Blackboard Jungle commença fort son deuxième jour de session en ouvrant sa sélection à des dub plus stepper. OBF lui répond du tac au tac, et les massives, sans cesse plus nombreux, commencèrent à faire monter la poussière.

Après un petit jeu de va et vient bien nourrissant, les festivaliers déjà bien atteints, déambulent vaillamment dans cette incroyable fête du reggae. Les multiples échoppes du village proposent toujours les mêmes produits, mais les couleurs vertes jaunes rouges éclairent les sourires radieux des restaurateurs qui se démènent pour servir leurs clients affamés.

Le temps de courir au Dub Station voir Disrupt électriser l'énorme foule qui bouge dans l'arène du Dub Station. Il y a deux fois plus de gens qu’hier soir, l'espace entre les murs d'enceinte est grouillant de bras et de jambes. Les ridims 8 Bits du fondateur de Jahtari secouent les boîtes, et les danseurs repoussent les dernières lueurs du jour. Le divin batave échangea quelques passes avec Shanti D, qui démontra au public présent ses qualités de MC sur des riddims toujours aussi dévastateurs Le dub si particulier accroche l'assemblée avec le fameux "Roll It" de sa complice du moment Soom T. Après quelques pepites comme le "International Farmer" de Pupa Jim, on s'en retourne vers la scène principale.

Disrupt

C'est une affiche de légende qui se déroule encore sous nos yeux ébahis. Sly & Robbie sur scène real fi real. Les 6 ou 7 000 personnes ne sont pas tous au courrant de l'aspect légende du truc. Et les rares personnes qui ne connaissaient pas le duo en ont eu pour leur frais. Une basse terrible. Tellement wicked que le pauvre Sly Dumbar peinait parfois à surnager dans l'océan de vibration du divin second. Le duo commença en version dub avec 5 morceaux 100% Studio One avec en vrac Guns Of Navarone et le Real Rock pour juste montrer à l'assemblée qu’on peut jouer en version groupe et sonner comme un sound system. Alors il faut aimer leurs principes d'enchaîner les phases, qui peut rapidement virer au rock progressif, et ne pas s'arrêter sur le guitariste qui en rajoute des tonnes, pour re-découvrir leurs incroyables puissances. En effet, quand ils enchaînent les phases steppa, le jeu de Robbie Shakspeare envoie du titanesque. Cette basse résonne encore dans nos têtes quand Junior Reid arrive pour enchaîner son show un brin sautillant.

Robbie Shakespeare

Un petit tour de Carl Meeks et puis s'en va. Son timbre de voix est toujours aussi terrible, mais sorti de "Tuff Scout" et de "Bad Minded People", on a pas trop entendu grand chose…timide retour d'un pionneer du 80's digital aprés 15 ans d'absence. Blackboard Jungle commença alors à jouer doucement la première version du prochain I-Skankers, avec le terrible cut de Ranking Fox, pour retourner une première fois la place avec la version de I Element "Bless We Jah". Le public est chaud bouillant pour accueillir Sandeeno qui nous lâcha un show assez classique, suffisamment redondant pour inciter une partie du public aller voir ce qui se passe de l'autre côté du festival.

Sandeeno Carl Meeks

Car une légende s'efface devant une autre. Et tout le public présent, reçut le dernier groupe sur la grande scène comme il se devait. C'est un parterre en délire qui ouvrit ses bras devant l'arrivé de l'un des haut fait de cette édition. Midnite en live, c'est une expérience assez particulière. Son son, son approche du reggae ont créé une légende, mais ce n’est rien au regard de ce que ces hommes peuvent transporter. Un charisme violent, pétris de légendes et de coups d'éclat. Vaughn Benjamin s'avança majestueusement sur le devant de la scène après la traditionnelle version instrumentale en intro. Avec ses locks et son chapeau, son allure de Pharaon jeta définitivement sur la soirée une ambiance mystique. Les "Listen" et les "Propaganda" prirent peu à peu la nuit à son compte et le groupe emmené par le sautillant bassiste Phil Merchant déroula les "Live the life you love" et le Oh Jah" avec ses versions dub si caractéristiques. Le groupe joue les cut et enchaîne les versions avec un petit coté spatial dans la guitare. Les claviers du frère du chanteur pompe la chaleur moite de la soirée. Midnite c'est vraiment un petit bout de sacré et le public chaud bouillant vocifère un "Due Reward" tonitruant pour enfoncer le clou. C'est lourd, c'est un reggae venu du fond des ages qui entraîna le public présent ce soir-là. Les foules s'embrasent sous les regards de Vaugh, tant celui-çi les toise, et les ralentissements dans les rythmiques finirent de boucler une soirée de folie. Et que dire du "Pagan Pay Gone", un pur moment d'histoire pour les chanceux qui l'ont vécu. Une de ces meilleures rythmiques d'anthologie, que le groupe à débité avec grâce sur la majestueuse scène. On en redemanderait toute la nuit… Midnite, surement le meilleur live du festival, acheva de la plus belle des manières la deuxième page de cette édition infernale.

Le village se vida au son des dernières sirènes qui résonnaient dans les relents du Dub Station, les pas lourds des festivaliers emmenèrent la joyeuse troupe dans les bras de Morphée, oubliant au passage les turpitudes des sound-system clandestins.

Garance Reggae Festival - Chapter XX – Day Three

Le troisième jour pointe son allure chafouine dans les premières lueurs du jour quand le son du Jumbo Rock Sound résonne dans l'air du petit matin. Ganja Tree laissa même le mic à un Prince Jazzbo en vadrouille pour nous permettre de nous mettre au goût du jour.

Un petit tour sur l'aire du festival off, le Zion Garden, accueillant les festivaliers dans un site à côté de celui du festival, pour une programmation assez variée mixant les petits sounds de la France entière avec des références plus reconnues. L'ambiance bonne enfant du moment ne nous incita pas à nous attarder plus longtemps, tant le programme de la journée allait être chargé.

En effet, le public commence à arriver sur le site pour entamer cette fameuse troisième journée au son du reggae

Ce qui était génial aussi, c'était de passer de la grande scène au Dub Station en traversant le village au son des "No Steel" de Shinehead qui animait sur la sono du stand de Legal Shot. Ce petit intermède early digital a rythmé pas mal des passages entre les deux scènes et ce fût vraiment une expérience unique. Du roots reggae au dub stepper en passant par du early digital : que demander de plus ?

Irie Ites Legal Shot

Après le passage discret de Kayamanga en ouverture sur la grande scène qui toucha le public arrivant, les festivaliers prirent la mesure du dilemme du jour : Comment faire pour voir Twinkle Brothers sur la grande scène et Jah Shaka en même temps dans le Dub Station en fin de soirée ? Pas le temps de vraiment choisir tant l'affiche continua son incroyable déroulé. On enchaîne rapidement un Junior Kelly avec un Third World (vite fait, 96° Degrees et consorts), pour passer sur l'interplanétaire Tiken Jah Fakoly pour nous amener tranquillement vers le coeur de la soirée.

Kayamanga

Un bref passage au Dub Station pour voir Blackboard Jungle et OBF chauffer les boîtes pour l'événement de la soirée : King Jammy's live & direct en configuration sound system ! Bon même si c'est pour plus tard, le monde se masse en nombre entre les tours d'enceintes. Et la fièvre put reprendre sur le deuxième tour de la tune de I-Skanker. La tune de Dub Foundry a marqué son édition.

Un petit retour à la scène principale non sans s'arrêter au stand ravitaillement. Ital Food ou Junk Food, chacun choisit son repas. Un petit coté all tribes welcome bien salvateur. Sans oublier la petite glace à la noix de Coco naturelle ou les petits gâteaux berbères à déguster avachis sur une natte ou délicatement lové dans un fauteuil africain. Choisit, on te dit…

C'est Johnny Clarck qui se présente enfin sur la grande scène pour nous abreuver de sa voix de stentor. C'est d’ailleurs incroyable comme nous avions envie de l'avoir aussi dans le Dub Station, quand on sait que Jah Shaka allait y jouer plus tard…On a dû se contenter de "No Shall Escape the Judgement" et de "King Of The Arena" avec un band assez moderne dans les arrangements. Dommage, c'est quand même un peu du gachis. Perdre ainsi la magie en lissant, avec des arrangements moyens, ces versions qui sont des tueries en sound system. Johnny nous a sorti sa version du "Crazy Baldhead" bien posé, pour enchaîner sur un "Declaration of Rights" et un "African Roots" qui a quand même pris le public à la gorge. Johnny Clarcke possède ce type de voix hors du temps qui permet de captiver l'assistance dans la minute. Mais les arrêts intempestifs du groupe, très new school dans son approche, ont parfois ralenti sa prestation. Le show est solide à la dimension du personnage, les puristes resteront un peu sur leurs faims considérant, à tort ou a raison, que le "Every Knees Shall Bow" de ce soir la ne valait pas une version Maffia & Fluxxy, un obscur groupe de Uk Dub Stepper…

King Jammy's durant les balances

Le moment est venu de courir autant que vos baskets le pouvaient pour voir approcher de la table de mixage, le dernier King du Dub encore en vie : King Jammy's Accompagné de son fils, le King allait enfin rejouer en condition sound system. La table du maître fut dressée au milieu de la foule, qui n'en croyait pas ses yeux avant d'en croire ses oreilles. Et c'est un moment d'histoire qui s'est écrit au rythme du Early Digital si reconnaissable et si familier à la fois !!! ça nous avait vraiment manqué. Tout ce temps passé alors qu'on pouvait voir une légende de cette acabit. Le voir jouer live, en 4 pistes, les pistes originales sorties de ses studios, à l'époque. Et c'est ça qui est le plus fantastique, le King nous avait préparé le set original, 100% tueries. On ouvre sur la version originale de Black Uhuru "I love King Selassie" et ça vous pose un concert une tune comme ça. La version originale mixée à la King Tubby sur la table de son disciple. Une énorme tune, une légende du mix pour une session mémorable. En vrac, tout le monde à secoué le sol sous les "Jahovia" de Johnny Osbourne ou les "Fally Ranking" du même chanteur. De Nitty Gritty à Junior Reid, on égrena les classiques pour voir le King, hilare, invectiver le public. Le boss est ravi d'être là et le fait sentir aux foules de gens qui se pressent devant les barrières. Le débonnaire producteur mixe en bras de chemises, dans un style très élégant. Avec un mix classique en prime, basse batterie, pour emmener sur le skank, cut de l'ensemble pour ne laisser passer que les cuivres et le skank. Et on renvoie la basse, simple, traditionnel, mais jubilatoire. Le public est conscient de sa chance, ça le pousse à être très réactif. Suremment une des meilleures sessions du festival. L'arène est bondée, les collines qui encerclent l'espace sont noires de monde. En effet, ça skank au rythme Waterhouse. Again & Again. Alors, vous pouvez imaginer quand le King a joué LA tune !





Le "Sleng Teng" a fait chavirer le coeur de tout à chacun ce soir-là, une version mixé avec une jubilation incroyable que ce soit du côté du maître ou de ses disciples. Une folie de tune, jouée live & di, résonant avec la même acuité qu'à ses débuts. Une basse ronflante, magistrale pour une tune qui ne vieillira jamais. Enorminissime. King Jammy's nous quitta à regret sur une dernière tune et partis sous les ovations d'un public reconnaissant.

King Jammy King Jammy

Le temps de filer en rush vers la scène pour voir arriver l'autre moment de félicité de la journée : les trop rares Twinkle Brothers.

Emmené par un Norman Grant tout de blanc vêtu, les Twinkle Brothers ont finis d'assener les dernières bases de ce reggae à multiples facettes. Le groupe, accompagné de Dub Judah à la basse, a profité de l'événement pour étaler à l'énorme public présent, sa classe inégalée. Des "Never Get Burn" au sublime "Repent", Twinkle Brother c'est du Steppa joué live avec une rythmique chaude et moite. La voix de Norman vint se joindre aux voix d'anthologie de ce Garance Reggae Festival. On avait entendu, Burning Spear, Midnite, il nous fallait celle de Norman Grant pour clore définitivement le panel. Car sa voix est vraiment particulière, chaude et puissante, elle apporte un aspect plus militant dans son approche du groove. C'est rocailleux et engagé, parfois on a limite l'impression que ça ne rigole pas.Et la barbe qui mange les visages des membres du groupe n'apporte pas d'avantage d'empathie à la sensation générale. Le set est monstrueux, on passe de "Babylon Faillin" à "RastaPon Top" avec la facilité que les vétérans de Twinkle Brother vivent comme une richesse. Une cinquantaine d'albums, et un son reconnaissable entre mille. L'intérêt de Twinkle Brothers, c'est que son reggae reste super stepper même jouer sur scène avec le groupe. Le public ne s'y trompa pas vraiment tant la foule compacte chavirait à chaque rimshot. Le temps de vivre "Since I Throw The Comb Away" et le cataclysmique "Jehovia" et l’on se dit qu'il faut filer au plus vite passer une tête au Dub Station. Voir le King Shaka commencer enfin son set.

Twinkle Brothers Twinkle Brothers

Alors, on sait Jah Shaka commence toujours ses set avec les mêmes tunes. Petits Bob Marley, puis le petit Sizzla "Praise We Jah" qui va bien; pour poser son "Jah is my Creator" sur la version sublime de la face B. On y a pas coupé (comme ça on a rien loupé, et ça a fait un peu plus de Twinkle Brothers…) Mais ce soir, l'énorme foule qui se dresse devant le roi Zulu marque le moment de son empreinte de géant. Shaka ne tarde pas vraiment à capter l'attention des masses avec des tunes comme le "Blindeye" de Sista Mary chez Roots Injection ou l'éternel "Far Over" de Idren Natural chez Black Weat Sound. C'est vraiment curieux de voir que Shaka continue à jouer les prods des autres. Inlassablement, il continue de diffuser la musique des autres, alors qu'ils ne sont pas légions à jouer des Shaka Prods en sound. Reste les émissions de radio, me direz-vous…

A ce sujet, je vous invite à lire la petite interview des suisses de Cultural Warrior, inspirés, dans le numéro promo du nouveau magazine de Reggae "Uplift !" qui sera bientôt disponible dans tous nos kiosques. Saluons la venue de ce nouvel acteur dans la sphère Reggae Music. Militant Magazine à priori…

Petite déception quand on entend résonner les premières notes de "Every Knees Shall Bow" de Johnny Clarcke, et qu'on voit ledit Johnny à 5 mètres du King Shaka. Un salut collégiale de la tête, mais pas de featuring, dommage. La tune reste énorme surtout dans cette version stepper en diable. C'est du grand Shaka, alternant danse devant l'effigie de Selassie avec les séquences danses des bras devant la control tower. L'assemblé est en transe, et les activistes de OBF et Blackboard Jungle assistent religieusement au set du King Zulu. Un petit Christine Miller, un petit Sister Charlotte, Shaka est éclectique. Il passe allégrement d'un "One Love" de Peter Tosh à un "Slave Driver" de Dennis Brown. Le roi Shaka avec sa chemise rouge, le regard énigmatique, a posé son empreinte sur cette édition. Les puristes seront toujours déçus du côté universel du personnage qui joue des tunes très connues, n'empêche que la soirée fut magistrale, avec une ambiance magnifique.

Et les dernières lueurs du festival clôturèrent cette troisième journée riche en enseignements.

Direction nos pénates, au son yardies des Micro Sound System sous tentes…

Garance Reggae Festival - Chapter XX – Day Four

Le quatrième jour pourrait sembler laborieux, en effet c'est samedi et on pourrait s'attendre à une journée plus grand public. Les organisateurs ont eu la bonne idée d'ouvrir le village du festival au familles de Bagnol Sur Cèze. On peut alors assister à des scènes étonnantes. Comme le couple de personne âgées qui hésite sur l'écharpe rasta d'Éthiopie, ou la famille nombreuse trop heureuse de manger un hot dog au milieu de tous ces géants avec des gros bonnets…

Aujourd'hui, c'est plus moderne comme start up avec Proteje backé par Soul Stereo ou Queen Africa. Le temps de passer sur Danakil et de voir qu'ils jouissent d'une bonne popularité. Leur reggae matinée de rock et de pop ne m'a retenu que l'espace d'une seconde. C'est pro, mais j'étais encore dans la vibes de la veille. Norman…

Le Dub Station se réveillait aussi sous les premiers assauts de Blackboard Jungle et d’OBF, tandis que les travées du festival se noircissaient de monde. Le nouveau system de Blackboard a fière allure et ses nouvelles boîtes rugissent sous les coups de kick et de basses liquides. Ça monte au fur et à mesure.

Un petit tour vers Pressure et Tony Rebel , vitesse USB3, pour revenir vers le Dub Station où Gussie P sortait ses premières tunes. Sip a Cup Production dans le texte. Et quel bonheur de ré écouter le "Repent" ou le "Let's Go To Zion" en version stepper. Original Gussie P qui joue varié, enchanté de voir les mines réjouis qui le contemplait. Le public grossit d'heure en heure. Prince Livijah anime au micro sur une petite scène au contact du public tandis que l'opérateur, en retrait, assène salves après salves. Un très bon "Children No Cry" de Ras Michael en version dubwize ou toute une série hallucinante de "Promised Land" des Anglais de Black Uhuru (et le grand Dennis). Terrifiant !!! Un super set sous les derniers rayons de soleil de la journée, qui nous a emmené comme il se devait vers les profondeurs de la soirée.

Gussie P Gussie P

OBF taillait la basse à loisir en regard de Nico et Oliva de Blackboard Jungle qui parachevait leur oeuvre en martelant le "Don't You Worry" de Ranking Fox dans sa version définitive, qui enflamma encore une fois le public. Pour la troisième soirée consécutive. Big Tune

Un petit Gyptian pour attaquer le début de la nuit dans un style très new roots à base de faux départ perpétuels et de pull up vengeurs. Le public très nombreux ne s'y étant pas trompé, reconnaissant dans cette nouvelle école un aspect différent de cette musique. C'est toujours super pro, mais ça peut parfois manquer d'authenticité, tant le format de chanteur américain a dépeint sur ce genre de scène. C'est bon, mais pas super dub en fait… (on se refait pas…)

On va enchaîner sur le clou de la soirée cotée grande scène : un bon Max Roméo

Max Roméo est un habitué des festivals, mais bon, comment se passer des "Chase the Devil" et "Skylarking" chanté par l'original vétéran Max ? C'est pas toujours la guerre, même si le show est rythmé. Le public se retrouva quand même sur des titres aussi fédérateurs que "Don't Let Problems Get You Down", et le skank qu'il déclencha pris la mesure de ce troisième morceau de (festival) choix. Le temps d'une version de "Cuss Cuss" qui ne vaudra pas la version de Johnny Osbourne, et un petit "Leave Rasta Alone". Le mentor backé par le Dub Asante Band, nous enleva un petit "Money Money" au allure de classic tune ! Cette ligne de cuivre, c'est vraiment toute l'histoire…

On va enchaîner sur Lutan Fya, donc il est temps pour nous de finir notre incroyable épopée devant Mark Iration et YT au Dub Station.

Iration Steppas Sandeeno, Mark Iration & Carl Meeks OBF

En effet, les organisateurs avaient choisi laisser à Iration Steppas le loisir de fermer la marche. Et Musical Riot a eu une sacrée bonne idée tant la session de Mark a conclu cette semaine d'enfer avec maestria. Accompagné de YT et de Maki Banton au style yardies anglais "I FEEEEEEEEL IT", Mark Iration a fini de consumer ce qu'il restait à brûler. La foule à son paroxysme ourdissait l'espace de sa fièvre de danser. Mark a joué Kanka très fort en saluant le dub activiste français d'un "Seen" très respectueux.Le Vanguard a joué sa version de Sizzla "Praise We Jah" en dubplate comme pour saluer le King d'hier soir. Après le Peter Hollygan "Iration Steppas Comme to Tell Dem Again", on a joué très lourd ce soir, passant des tunes de plus en plus warrior. YT et Mark n'ont pas joué le grandissime "What's Wrong" comme YT avait chanté l'année dernière avec OBF . Mais on a eu le droit à de grosses séances de rub a dub style Cockney à souhait. Tout dans le feeling, dans l'impro, la relance entre les deux dj est bien rodée. Les phrases passent de main en main et la sono gronde sa rage de vivre. Et puis Blackboard Jungle et OBF décidèrent de brancher les deux sono en lignes pour donner encore plus de power à une soirée qui n'en demandait pas plus. Imaginez Iration Steppa sur les deux sono, réparties entre les 6 murs. Une folie pure. Un son dantesque. Chaud, lourd, avec un côté moins agressif dans les médiums. Et une basse comme dans un rêve de Dubber. Enormissime !!!!!!!!! Alors vous imaginez quand Mark a demandé aux organisateurs s’il pouvait passer une dernière tune ? La tête penchée dans son bac à disque, Mark cherchait la vraie tune pour conclure avec majesté ces 4 jours inoubliables. Tout à coup, le féroce DJ sortit le stepper fatal. Une last tune de chez last tune. Maki Banton hurle à la nuit et YT renchérit. Je ne connais pas le nom ni l'artiste de cette tune, mais elle résonne encore aux oreilles des gens présent ce soir-là ! Nous vous avons joint cette last tune en vidéo, juste pour que puissiez partir avec la même sensation que tous les gens présents. Une last tune en vidéo en attendant le montage complet du festival avec live shot, interview format HD… Soon Comes. Coupé en plein vol.





Les sifflets ont sifflé pendant 20 mn avant que la sécurité du festival disperse les belligérants à force de conviction. Personne ne veut que ça s'arrête…

Ce qui poussa certains téméraires à traverser de nuit la Cèze à pied, les chaussures à la main. Ce qui poussa encore, la rage au ventre, à escalader les pentes glissantes d'une forêt peu accueillante pour atteindre à coup de machette de fortune la source des dernières basses vombrissantes. Là, derrière un hangar, entre deux camionnettes, le dernier Sound System se jouait de la clandestinité, pour une dernière session aux lueurs de phares complices. Avec toujours les mêmes questions. Quelle affiche l'année prochaine ? ça va être dur de faire mieux non ? Garance & Musical Riot ils ont fait trop fort cette année non ? C'est qui au micro ? On taira le nom des pirates de la nuit pour cause d'illégalité, mais la vibes qu'ils nous ont donnés ce soir-là fut comme un after bien mérité. Un dernier échange avec cette exploration du reggae. En Dub Version. Original…

À l'année prochaine alors…