affiche-DubStation-26.jpgnote : Live report sans photo selon la volonté de Jah Shaka.

Début de soirée vers 22h avec une arrivée dans le Quartier du Père Lachaise, au Piston Pélican précisément. Là se tient tout les deux mois (voir un peu plus) les soirées Boom Da Zinc lancée par Boom Boom Collective. Le principe est ultra simple, un bistrot parisien plutôt typique, un petit sound, une control tower avec un préampli JTS, quelques vinyles et des projections vidéos. Le tout dans une ambiance à la cool ; pas trop de monde, mais des gens avant tout venus là pour passer un bon moment et apprécier les bonnes vibes. L'invité de cette session c'est KillaSound Yard, Le selecta est normalement accompagné de DaMan et Jacko. Malheureusement, un contre temps de dernière minute ne lui a pas permis d'être présent et c'est DaMan qui a pris le poste de selecteur/opérateur pour cette session. Une sélection plutôt bien orchestrée avec des classiques comme le « Walk & Talk » de The Shanti Ites, du Reggae On Top ou le Sista Rebeca « Humble Lion » mais encore « Watching Me » de Dub Addict. Une sélection sans faute, malgré la tension visible de DaMan et son inexpérience, il n'a pas fait de faux pas.
Plus tôt dans la soirée c'était JB de Equal Brother qui était à la sélection, venu du Pays Basque avec un bac complet de vinyle, ce qui est assez rare pour lui, il nous a gratifiés d'une pré-release de « Wicked Haffi Run » de OBF et quelques morceaux aux rythmes africains. Juste avant que je parte pour la suite de la soirée, Olive de Boom Boom Collective avait repris le control avec avec « This is a Warning » sortie sur Reggae On Top...

Pour moi le message était clair, fallait filler pour ne pas rater la suite. Mais je reviendrais dans ces soirées qui donnent une autre image des soirées dub. Le cadre est sympa, lumineux ; plus détendus, moins oppressés par le monde et un son trop fort, les gens sont carrément plus cools.


Un petit tour de voiture et j'arrive au Trabendo.
Le retour des Dub Station pour cette nouvelle saison, avec la 26eme du nom qui présente à l'affiche Zion Gate et Jah Shaka.
Garance avait prévu le coup et n'a pas voulu reproduire ce qu'il s'est passé pour Channel One, et j'arrive à minuit et demi sans personne dans la file d'attente ; tout le monde est déjà à l'intérieur. La soirée avait était annoncée complète quelques jours avant, et il avait été clairement précisé que seulement quelques places seraient disponibles sur place en tout début de soirée. Tout le monde avait donc pris ces dispositions pour qu'une grande affiche comme celle là se passe dans les meilleures conditions.
A l'intérieur Zion Gate fait tourner la sono depuis un moment, celle-ci que je découvre est agréable, puissante et bien équilibrée. Le son est doux à l'oreille, bien dessiné avec une petite attaque dans les bas médiums. On avait perdu, semble-t-il, l'habitude d'aller dans une danse sans se faire agresser les oreilles, et ça fait un bien fou dans cette course à la puissance. Par contre l'impact sur le public est moindre et ceux qui dormaient chillaient en fin de soirée sur l'estrade confirmeront.
Zion Gate est au complet pour cet événement ; Ras Abubakar est donc accompagné de Nassadjah, de Prince mais aussi de Mark Mostec et Danny Red. Du coté des tunes on pu apprécier les dernières productions Zion Gate comme le riddim Determination Rock et ses différents vocaux, un Hail Him de Sista Rasheeda dubbé par Mostec. Marc Mostec a fait quelques apparitions devant son préamp, pour ajouter quelques effets discrets. Cependant Le travail à la table du Zion Gate est tout en retenue sans intervention majeure, chose dont nous la nouvelle génération de OBF à Stand High ne peut se passer. Cette épure s'applique à merveille sur les productions maison puisque le Christine Miller "Defender of the Faith" enchainé avec le Far East "Determination" passe avec une clarté insoupçonnée. Ce sound est calibré pour jouer ses propres tunes, mais le jeu de l'opérateur aurait mérité de nous faire découvrir des facettes cachées. C'est tout de même un réel plaisir d'entendre les prods du crew, tant le son Zion Gate est une bonne alternative à des King Shiloh ou des Moa Ambassa dans cette approche du roots reggae. . Ras Abubakar les joue sur divers format vinyles 7, 10, 12'' mais aussi sur DAT et il me semble même avoir aperçu quelques dubplates sur acetate. Mighty Cricket était aussi dans le coin puisqu'il a chanté sur quelques tunes et annoncé avec un peu d'avance l'arrivée de Jah Shaka.

Mais même si on a sentit que Ras Abubakar ne voulait pas céder sa place devant un Trabendo chaud bouillant, il a bien fallu qu'il se prépare à laisser la platine. Mais Jah Shaka a besoin d'une préparation très longue et Abubakar le sait. Une bonne demi-heure à poser des valises de disques, et à installer ces drapeaux, ce qui laissait largement le temps à Abubakar de passer quelques titres et finir tranquillement, surtout que lorsqu'on passe la main à Shaka ; on ne la reprend pas...

Shaka s'approche finalement de la platine après avoir très longuement cherché quelle tune il allait passer en premier. Je vous le donne en mille, un Bob Marley. En fait 4 Bob à la suite ; le temps de préparer le public et de bien casser le rythme installé par Zion Gate. Et oui Shaka fait toujours ca. On connait cette idée du warm up à l'ancienne que Shaka fait à chaque fois. Il faut comprendre que Shaka développe ces sessions dans une certaine forme de découverte, d'apprentissage, et il se doit de jouer des classiques. Mais le public Parisien commence à vouloir autre chose, et trépigne d'impatience à la volonté de voir Shaka sortir de ses gonds et nous bousculer la danse avec un cut sortit de derrière les fagots. Chose qui malheureusement ne m'arrivera pas cette fois. Il aime partir de zéro, d'une salle dont le rythme et la participation est nulle pour construire une ambiance de toute pièce et faire monter lentement la pression. On a donc eu le droit à une version acoustique de Redemption Song, un naybinghi, une version rocksteady de One Love puis Exodus... Le tout sans prononcer un mot au micro ni sans toucher un bouton de la Control Tower. Jusque là rien de bien transcendant. L'homme continue sur le même riddim, un tout petit peu plus rapidement avec « Let his name Be Praised ».

Apres les 4 Bob la sélection de Shaka semble être effectuée pour toute la soirée puisqu'il finira par sortir la tête de ces valises et apparaitra pour jouer LE morceau de Sizzla qui fait démarrer chaque session de Shaka : « Praise ye Jah ». La pression monte d'un cran et le public qui s'est bien retenu pendant 20 minutes se lâche et c'est à ce moment là qu'il prend le micro pour la première fois. Il coupe le disque de façon brusque fait installer un silence assez impressionnant et chante une comptine accapela. L'ambiance repart de zéro, encore une fois, et on repart dans la vibe avec le dub du Sizzla sur lequel Jah Shaka se met à chanter pour de vrai. Le cut est digital et percutant à souhait et c'est coup de fouet parfait pour envoyer le maître dans un rub a dub mythique.. C'est à partir de ce moment que la session démarre vraiment et que Shaka timidement dubbe les morceaux - il ne semble pas connaître bien le matériel de Mostec même si il a eu le droit a des explications expresses en début de session. Les effets sont timides et on entendra aucune sirène mais qu'importe, les morceaux sont tellement bien choisit, la sono de Zion Gate tellement bien réglée que quelque chose s'installe. Une succession de classique feront monter la pression dont un remix d'un titre de Jackie Mittoo, ou encore « Blindeye » avec Sista Mary I un morceau stepper ou il m'a semblait reconnaître Sista Mary I : « Why ». Le retour des grands classiques se fait via Kunta Kinte qui sera déclinée sous différents aspects tout d'abord avec Idren Natural sur Farover sur un 12 avec une version longue et un dub en discomix. S'en suit la version vitaminée « Warrior Style » avec Macka B, puis quelques morceaux plus obscures pour revenir sur un « Every Knew Shall Bow »'' avec Johny Clarke et son dub mystique. On aura le plaisir aussi d'apprécier Dub Judah sur Mandatious du dub avec l'orgue ou Shaka reprendra les paroles suivante : « Get down get down, Babylon a burn ». Cette voix avec ce rub a dub est toujours magique car elle est réellement unique. Shaka posera quelques vocalises à la "Revelation 18" sur le dubet une version ultra pitchée de « Zulu Warrior » de Tomaski. Une session qui s'est fini à 6H00 pile sans dub fi dub.

Dans l'ensemble c'est du grand classique et tous les connaisseurs un peu éclairés doivent avoir le sentiment que j'ai eu la première fois que je l'ai vu... c'est frustrant. C'est très bon, mais il manque un truc pour atteindre la perfection. D'un autre coté Shaka n'a plus rien à prouver. Il joue la carte de la découverte et de l'éducation selon mon humble avis. Pourtant il y a un cruel manque d'originalité dans ce set ou les classiques s'enchainent, et une manque de prise de risque. Quoiqu'il en soit, la session fut bonne, on peut toujours être plus exigeant, mais Jah Shaka restera Jah Shaka. Si vous souhaitez poursuivre l'expérience aller faire un tour du coté de Londres pour voir Jah Shaka sur son propre system à Londres et se rendre compte du travail de l'artiste. On peut imaginer que le monsieur joue le jeu du vintage comme jamais, à commencer par la fameuse Garrard par exemple...