Présenté en deux versets, intitulés Dub Axiom et No Border, cet album présente les deux faces du groupe, l’une liée au sens large à la musique dub et l’autre à l’expérimentation sonore. Varié, urbain et moderne Out Back ravira les amateurs de gros sons dansants et enflammera à coup sur les foules lors des lives ; il satisfera tout autant les amateurs de bidouillages sonores et de fusion improbables par son autre facette.

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Procédons par ordre et consacrons nous d’abord à Dub Axiom. Cette première partie, avec son nom aussi tranché, pourrait faire penser que les lyonnais ont enfin sortit leur album strickly dubwise… mais on n’y est pas tout à fait. Clin d'oeil à Bill Laswell et sa compilation de 1996 ou pas, High Tone présente sur Dub Axiom sa vision actuelle du dub. Un dub fait d’influences multiples, modernes et diverses (dub stepper, dubstep, hip-hop, breakbeat), un dub urbain au son lourd et dansant. Un mélange entre ce qu’ils ont pu faire durant leurs débuts et la récente scène « bass culture » anglaise.
Les morceaux de cette première partie sont largement basés sur des riddims comme il est de tradition dans le dub, une façon pour les croix-roussiens de marquer leur attachement à ce style que ne leur rend pas toujours… High Tone apporte sa touche personnelle dans le travail des riddims, en effet ceux-ci sont déstructurés et retravaillés en cours de morceau, ils sont en constante évolution et se transforment, passant d’un son à l’autre.
L’introduction par Spank, dont la vidéo réalisée par Led Pipperz a été relayée sur les réseaux sociaux, établie bien d’ailleurs ce nouveau rapport de force au sein de leur musique (ça avait déjà un peu débuté sur Underground wooble); le morceau débute sur les bases d’un stepper urbain, renforcé à grand coup de distorsion et d’écho pour se transformer en une vision électro/dubstep, une métamorphose qui se fait progressivement au fil de l’eau. C’est, d’ailleurs, le cas d’une grande partie des morceaux d’Out back : leur fin est explosive et fait remonter à la surface les vieux démons (on sait que les HT ont été insipiré par ce milieu) des free parties où électro, drum and bass, hard tek et prémices de dub se mêlaient. High Tone réactualise ce concept en y ajoutant même des sonorités dubstep et breakbeat. Du coté du dub on retrouvera donc une fusion quasi permanente entre les composantes dub (riddim, skank, reveb, echo, effets…) et une autre forme de musique… souvent du dubstep comme dans Spank ou Dub what ou encore hip_hop comme dans Liqor en featuring avec Oddateee. À noter le très bon morceau en compagnie du MC de Stand High (Puppa Jim) : « Rub a dub Anthem » qui est un bon stepper inspiré et dédié aux sounds et dont les dubplates risquent de tourner sur les sonos dans les prochaines sessions. La voix et le timbre si caractéristique du MC sublime le morceau en un hymne (c’est d’ailleurs le titre). A souligner aussi le très bon dub dirty cosmique qu'est Fly To the moon qui prépare la transition vers la deuxième partie dans une style stepper électrique.
Une très bonne première partie de l’album qui confirme qu'High Tone sait faire du bon son, du son puissant et novateur toujours dub mais sans rentrer dans le carcan psychorigide des puristes.

High ToneChangement de cap sur No Border, où High Tone s’essaye à des nouvelles fusions. On retrouvera un certain nombre de guitares saturées et des morceaux ou l’ambiance prime plus que l’efficacité rythmique. On appréciera cette nouvelle facette du groupe qui démontre encore une fois leur talent. Un talent exprimé sur des versants rock et électro ambient. Sur cette partie les atmosphères sont plutôt sombres et apocalyptiques, le coté obscure !? De nouveaux instruments/samples font leur apparition comme des sons de violons, des contrebasses et des structures qui ne correspondent pas à l’image que l’on se fait de High Tone… Ces digressions sont plutôt inhabituelles mais elles se prolongent souvent par un retour au son de base des lyonnais, entre dub et électro mouvementée comme sur « Uncontrolable Flesh » ou les contrebasses du début cèdent leur place au fur et à mesure à un son électro dirty. Sur « Ollie Bibble », où vous noterez le jeu de mot en référence à la culture skate (culture urbaine again), l’expérimentation s’oriente vers des sons à la limite du glitch et rappelle l’univers déjanté de Autechre ou de AFX, le son est déstructuré, haché, mixé et malgré tous les traitements subit semble rester en vie, comme un cœur qui repart après un passage par zero pulsation/minute (cf votre série hospitalière favorite). La fin du disque et plus particulièrement « 7th Assault » sonne très rock, un long morceau qui fait penser à ce qu’a pu faire Ez3kiel sur Battlefield ou encore à la fusion des rouennais normands de Guns of Brixton
La partie No border regorge de nouveautés pour les lyonnais, ils démontrent ici leur savoir faire et à coup sûr se sont fait plaisir en réalisant des morceaux complètements différents.

High Tone poursuit sa lancée dans ce dub urbain qu’ils affectionnent tant, véritable concentré d’influences digérées. Out Back est clairement un des albums les plus surprenants du groupe lyonnais, a écouter sans modération et a apprécier en live parce que c'est toujours mieux !

Tracklist :
Dub Axiom

  1. Spank
  2. Dirty Urban Beat
  3. Dub What
  4. Liqor (feat. Oddateee)
  5. Liqordub
  6. Rub-A-Dub Anthem (feat. Pupa Jim)
  7. Fly To The Moon
  8. Boogie Dub Production

No Border

  1. Space Rodeo (feat. Ben Sharpa)
  2. Bastard
  3. Home Way
  4. Propal
  5. Uncontrolable Flesh
  6. Ollie Bible
  7. 7th Assault
  8. Altered States