BB-burning-before-sunset.jpgUn CD qui arrive à la mauvaise adresse, notre spécialiste Brain Damage pas dispo, d’autres trucs à gérer, un disque en demi-teinte et pour finir une angoisse croissante de la feuille blanche ont eu raison de ma motivation... Je ne ferais pas de chronique sur ce disque... tant pis d’autres le feront, moi je ne trouve rien d'intéressant à dire.... D’autre sites ou magazines ont donc eu le temps de peigner Brain Damage dans le sens du poil, sortant tous leurs plus beaux adjectifs pour flatter ce disque. J’en ai lu quelques unes dont certaines plutôt cocasses voire même à coté de la plaque... Il fallait que j’écrive quelque chose !

Mais :
Pourquoi je n’arrive rien à écrire sur ce disque ? J’adore Brain damage d’habitude... Fait chier !

Je dois vous avouer que c’est toujours un mystère, ce disque est bien, mais je ne trouve pas les mots pour le dire, je ne le trouve pas transcendant non plus, tout du moins sur un point de vue purement musical. Ceci est sûrement dû au fait que je me suis refait récemment une écoute de la discographie complète des stéphanois (pour me motiver) et que je suis resté bloqué sur l’époque débridée de Ashes to Ashes – dub to dub. Petit retour en arriere, Brain Damage ont commencé tout d'abord par le maxi Bipolar Disorder en 1999 et la tuerie Brain Booster, puis ils ont enchainé les très bons Always greener (on the other side) en 2002 et Ashes To Ashes - Dub To Dub en 2004 avec des titres comme Genetic Weapon ou Cube dub, produisant un très bon dub electro, sauvage, énergique, militant et spirituel. Le virage a commencé en 2006 avec le très beau Spoken dub manifesto ou le duo a repris le concept du spoken word à sa sauce. S'en est suivi en 2008 Short cuts et sa version live en 2009 où le groupe a marqué une sorte de scission avec le dub qu'ils réalisaient auparavant. Moins concept que le précédent opus Short Cuts, Burning before Sunset est une sorte de retour à ce qui avait bien marché dans le Brain Damage que l’on connaissait mais sans cette partie débridée des fins de morceaux. Comme si ça ne décollait jamais dans ce disque, comme si quelque chose manquait...

- Brain Damage @ Z'éclectiques 2006 #2 -
- Brain Damage @ Z'éclectiques 2006 #2 photo par Salvi -

Burning Before Sunset est un bel album, cinématographique, aux ambiances soignées. De plus, la voix ténébreuse de Black Sifichi présente tout au long du disque est magnifique. On retrouve la formule initiale avec un spoken word mélangé à du dub ambiant, oublié les ambiances balkaniques du prédécesseur. On retrouve de belles choses mais sans cet instant ou tout part en l’air, celui où le skank relâche une pression savamment travaillée. D’ailleurs sur beaucoup de morceaux il n’y a même pas de skanks, uniquement des bruits d’ambiances (bruits aquatiques dans Ignore, des bruits suspects dans Only Lost In The Sound) et une batterie, quelques cuivres, mais pas de skank...

Alors oui, on retrouve des morceaux qui pourraient faire mouche comme Smoke in our Minds; mais le morceau ne démarre jamais... Un des seuls morceaux qui a vraiment attiré mon attention à ce jour c’est le terrible Bull’s ass qui attaque d’emblée par une basse hypnotique soulignée par une scie musicale (semble-t-il)... Un mélange qui s’excite fortement vers la fin laissant éclater tout la force des morceaux précédents. Le tout étant assombrit par la voix d’outre tombe de Black Sifichi, rendant le mélange étonnant mais très agréable. S’en suit une litanie autour de I qui finit par I is God, une référence au monde Rasta et à leur utilisation de I. Don’t ask Me Why est un très bon morceau qui rappelle les années 2000 et leur collaboration avec Alpha & Omega avec en plus un petit côté électronique qui n’est pas déplaisant. Assurément une petite bombe pour le live.
Deux morceaux où l’on s’agite un peu et puis on revient à des atmosphères plus calmes et douces avec des textes mélancoliques sur l’amour dans Possibility Of Love et même de la harpe sur le poème Plain White Butterfly... qui évoque la mort d'Erik Satie. Ces morceaux sont beaux mais surprenants après Short Cuts live et son énergie folle.
L’intégralité de l’album est cohérente avec la voix de Black Sifichi du début à la fin et avec des ambiances superbes. Mais si vous aimez ce grain de folie des stéphanois vous resterez peut être un peu sur votre faim. Ajoutons qu’on ne peut pas rester à ce niveau là de lecture, les textes dont je n’ai presque pas parlé jusqu’ici sont, comme toujours avec Black Sifichi, des œuvres à part entières. La version « CD promo » que j’ai reçu ne comporte pas de livret avec les paroles mais j’espère qu’elles sont dans le CD commercial tellement le texte a son importance dans cet opus.

Je dois avouer ma légère déception, celle-ci est contre balancée par le fait que je suis complètement conscient que les albums de Brain Damage demandent un effort à l’auditeur et qu’il faut généralement voir un live pour apprécier pleinement leurs créations.

Au final un album travaillé, aux ambiances soignées, aux textes poétiques mais sans le grain de folie habituel.

Disponible chez CD1D
Extraits disponible sur http://www.myspace.com/braindamagedub



PS : Je ne voulais pas l'intégrer dans le texte de la chronique mais comment passer à coté de ceci :
itw_BB_nuke.gifExtrait du dernier Nuke