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C'est au bout d'une petite allée au cœur d'une zone industrielle, à quelques kilomètres au sud-ouest de Montpellier, que nous découvrons La Victoria, théâtre de la 8ème SDC. Une salle pas facile d'accès pour qui n'est pas motorisé... Un point heureusement pris en compte par les organisateurs qui proposent des trajets en navette au départ de La Pleine Lune, bar du centre de Montpellier, où se déroulait le warm-up (auquel nous n'avons pas assisté) de la soirée avec Kings Hi-Fi et Rootikal Warriah. Bon à savoir pour ceux qui voyagent en train...

Première Southern Dub Convention pour la rédaction de Nizetch, l'occasion de découvrir un nouveau lieu et une ambiance différente des habituelles Dub Stations.
Beau programme en perspective, la rencontre inédite entre trois "champions sounds" de la scène dub hexagonale : les warriors de Haute-Savoie OBF, les normands Blackboard Jungle et les activistes du sud Lion Roots Sound. Trois sounds fondateurs de la scène (avec les nantais Zion Gate), qui ont su au fil des années se construire leur propre identité, à tel point qu'ils sont occasionnellement invités par nos voisins anglais pour les University Of Dub (Londres) et Sub Dub (Leeds).

Plutôt que de rentrer dans le détail des très bons morceaux joués tout au cours de la soirée, nous nous attacherons plus à dégager l'approche musicale de chacun des trois sounds, tout en mettant en avant quelques moments forts de leurs sets respectifs.

Lion Roots ouvre cette 8ème SDC avec une sélection roots plutôt pointue. Le gros atout de LRS est bien évidemment son impressionnante sono de 30kw. Et son opérateur / selecteur Steflion en connaît les petits secrets et sait faire ressurgir au moment opportun les plages de fréquence idéales pour faire remuer les gambettes.
Très éclectique dans sa sélection, Steflion a un attachement particulier pour les nouveaux talents européens. Aussi, il a dans sa manche une paire de dubplates redoutables qu'il n'hésite pas à sortir pour dynamiser la danse. A ses côtés, le lumineux Zion UK, chanteur toulousain originaire de Londres, se fait un plaisir de poser sa voix chaleureuse sur les versions et d'agrémenter les changements de morceaux de speechs positifs.
Quelques moments forts de leur set :

  • La présence d'un tromboniste pour accompagner la sélection roots du sound.
  • Juste avant de laisser une 1ère fois la place à Blackboard Jungle, Steflion sort un retentissant Tribute To Jah Shaka, nouvelle production du talentueux Ackboo.
  • Zion UK, les yeux illuminés et le sourire jusqu'aux oreilles, s'emparant du micro pour accompagner les premières mesures d'un bondissant Steppin de Dan I Locks & Ital Thunder.

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Blackboard Jungle est le second sound à prendre en main les commandes du system. Nico est seul à la sélection et au contrôle du préampli IRAD, Oliva étant parti en tournée au Mexique avec Weeding Dub et Webcam Hi-Fi. Mais il a un atout de taille à ses côtés, le Jamaïcain Anthony John, singer bien connu des habitués des Dub Stations parisiennes. Doté d'une endurance impressionnante (il peut tenir le mic un bon moment avant de montrer des signes de fatigue), il n'hésite pas à naviguer entre pur deejaying et chant.
Tous deux défendent un son "à la jamaïcaine", de ses fondations Roots au productions Newroots modernes. La sélection est d'une grande fluidité, Nico préférant les riddims enregistrés en live par des instrumentistes (type productions Zion Gate ou Dubkasm...) aux sonorités exclusivement digitales.
La dizaine d'années d'expérience du sound aidant, les mixs de Nico sont d'une finesse remarquable, une vraie leçon de sound system !
Quelques moments forts de leur set :

  • Blackboard Jungle soutient les dub-makers de sa région et joue d'époustouflantes productions de Simon Nyabin. Parmis celles-ci, un Africa Is Crying chanté par Mighty Cricket dont nous espérons vivement une sortie vinyle !
  • Une obscure dubplate Sick Of This Pain, signée par l'inconnu Unruly.
  • A la toute fin de la nuit, Nico sort de sa box un disque acétate, une zulu dubplate qu'il mixe avec beaucoup d'inventivité (d'autant plus qu'un des amplis du system et plusieurs scoops se sont coupés peu avant la fin de la nuit).


OBF est le sound représentant le dub "à l'anglaise" et ses sonorités urbaines / digitales. Puisant leur force autant dans le reggae rebel que dans la culture (tout aussi rebelle) du sound system des free partys, le duo de choc Rico et Guyohm était très attendu des massives montpellierains.
Partageant leur goût prononcé pour le remix, les deux complices mettent aussi l'accent sur l'animation tout en plongeant par moments leur auditoire au cœur de longues spirales de mix cosmique.
Et pourtant, ce soir là ils semblent moins libérés que lorsqu'ils jouent sur leur propre system. Très efficaces certes, mais nous étions loin des gros lâchages dont le duo a pourtant le secret.
Quelques moments forts de leur set :

  • OBF et Stand High Patrol, c'est une amitié de longue date, hormis le désormais incontournable remix de Business Of War sorti à la toute fin de la soirée, on relève surtout un délectable International Farmer de Pupa Jim sur le riddim Whiskey Bar signé humm... Disrupt ?!!
  • Un bel hommage à Yabby You, immense chanteur Jamaïcain décédé récemment, avec le classique Conquering Lion remixé par Muzikal Ben.
  • Et enfin ce qui sera probablement la première release vinyle du label d'OBF, Wicked Haffi Run, tube exterminateur de dancefloor aux lyrics significatifs de Danman. Introduit au micro par Rico : "Et ça !...ça va droit dans la face à S...Y !!!"


Un excellent sound meeting côté sélection et mix donc... mais malheureusement un peu entaché par les conditions de restitution du son.
Tout d'abord, il nous est bien difficile de passer à côté des gros problèmes acoustiques de la salle :
dalles de céramiques au sol, murs vibrants (dû à leur épaisseur ou au revêtement en tôle à l'extérieur de la salle ??), pas 20m d'espacement entre les deux stacks de Lion Roots (placés face à face), ne donnant pas vraiment d'autre choix que de se placer au milieu du son.
L'autre point noir concerne le rapport entre le volume sonore et la taille de la salle. Nous comprenons la difficulté de trouver des salles adaptées à l'organisation de soirées sound system dignes de ce nom, mais ne serait-il pas bon de s'interroger sur la nécessité d'amener 30kw de son dans une salle pouvant contenir 350-400 personnes max ?...
A cause de ces défauts, cette 8ème Southern Dub Convention passe un peu à côté de la soirée d'exception mais elle n'en reste pas moins un bon moment de dub et de sound system.

Pour une éventuelle prochaine rencontre de "French Titans", soyons fous ! Imaginons la même danse mais avec aussi Zion Gate, en plein air (sur la plage ?) et chaque sound amenant son propre system pour une session en mode conférence !!

La galerie photo complète :


Merci à Lion Roots Sound, Kings Hi-Fi et Manuman pour leur accueil !