brain-damage_short-cuts-live Tout simplement baptisé « Short Cuts Live », on peut le considérer comme une suite logique à leur album-concept « Short Cuts », le deuxième de leur discographie à être sorti chez Jarring Effects. Il marque une étape après leur dernière tournée, qui passait notamment par une date en compagnie de Hint & EZ3kiel au Fil de Saint-Etienne, un soir de mai 2009. C'est donc « à la maison » et devant leurs fans de la première heure, que les 2 stéphanois ont choisi d'enregistrer ce live.

Il aura donc fallu 4 albums et un maxi, 10 ans d'expérimentations sonores, de voyages et de rencontres, et pas moins de 400 concerts, pour que le duo nous ponde ce tant attendu condensé de leur parcours évolutif au sein de la sphère dub. Au total, 11 titres, essentiellement issus de leurs deux derniers opus : ceux qui font la part belle au « spoken word » en laissant la parole à toute une pléiade d'invités vocaux. Veuillez attacher vos cerveaux, nous décollons pour plus d'une heure de voyage psychédélique au fin fond de notre esprit...

brain-damage-photo-salvi.jpg Tout commence par une introduction sous forme d'un battement de coeur martelé, suivi de l'arrivée d'une guitare acoustique et d'un violoncelle, accompagnés de la voix d'une fillette bosniaque, pour une entrée calme mais déjà très émouvante... On passe ensuite au génialissime morceau « Children of Palakkad », avec toujours cette guitare acoustique au riff encore plus lancinant, puis une grosse ligne de basse qui débarque tout à coup pour nous prendre aux tripes jusqu'à la fin. Pas de doute, c'est bien du Brain Damage que l'on écoute. Viennent ensuite 2 titres à la sauce orientale, « Mundhu », très steppa, et « Fenêtres », tous deux avec la voix mystique du marocain Mohammed El Amraoui. Un morceau plutôt sombre et saccadé vient juste après avec la voix du poète Dylan Bendall (par ailleurs guitariste de Lab° et membre de General Dub) qui terminera en hurlements. Fidèle à chaque album depuis « Ashes to Ashes / Dub to Dub », l'artiste multi-talents Black Sifichi pose son fameux flow grave et lourd sur le très inquiétant « Sterile (part.2) ». Mais la trance physique et sonore de l'auditeur atteint son plus haut point au moment du featuring avec la japonaise Emiko Ota et ce « Under the Ground » qui se transforme en véritable techno épileptique et prend toute son ampleur en live. De même pour l'ultra rythmé « Mi nismo voda (broj 2) » avec Asmir Sabic (Vuneny), ponctué de délires instrumentaux au piano et qui repart en furie pour durer presque 5 fois plus longtemps que la version studio. Vous pensez alors que Brain Damage vous a achevé, mais ils reviennent à la charge, en faisant au passage un hommage à Manutension (le leader d'Improvisators Dub, tristement disparu 2 semaines auparavant), pour un rappel nostalgique avec le morceau phare de chacun des 3 premiers opus (« Ashes to Ashes », « Always Greener » et « Bipolar Disorder ») : le mélancolique et envoûtant « Cube Dub » qui me donne des frissons à chaque concert depuis bientôt 5 ans, suivi du bon gros digital dub à l'ancienne « Genetic Weapon » (feat. Tena Stelin), pour enfin terminer en beauté leur ravage cérébral par l'indémodable « Brain Booster » toujours aussi rebondissant.

En bref, l'écoute de cet album vous fera revivre l'ambiance si particulière d'un concert de Brain Damage, d'où l'on ne ressort jamais indemne. Il suffit de fermer les yeux pour se laisser emporter et imaginer Martin gesticuler tel un savant fou devant ses machines et Raphaël bondissant dans tous les sens armé de sa basse. Même si l'on peut regretter un peu l'absence de certains vieux titres passés à la trappe, il est vraiment intéressant de redécouvrir les titres de « Short Cuts » dans des versions prolongées par rapport à leurs durées originales de 2 minutes maxi qui pouvaient nous laisser une certaine frustration. Un album à posséder donc, d'autant plus si vous êtes passés à côté des 2 derniers épisodes de ce groupe, qui se fraye un chemin remarquable dans le paysage dub français.


Et parce que ça fait toujours du bien et qu'on ne s'en lasse pas, voici un petit « Cube Dub » en vidéo :



… ainsi que le titre « Mundhu » filmé à Saint-Etienne, le soir de l'enregistrement du live :


Short cuts live est disponible en CD et en téléchargement chez cd1d.com