Pupa Jim & Stand High - Business of War

Le problème quand on a beaucoup attendu, c'est qu'on en attend beaucoup !!! La voix de Pupa Jim est (souvent) un éclair dans les nuits "foggeuses" de nos sounds tant il renouvelle avec sa tessiture vocale si particulière la litanie fiévreuse de certains MC, et on attendait la voix de Pupa sur un riddim taillé dans son creuset musical, son Son Stand High early digital. Les dubplates jouées par Stand High ont cette petite épure à la king Jammy en plus lourd et plus lent. Sur ces deux tunes, la sensation est encore plus frappante, c'est pesant avec une profondeur de reverb un peu numérique qui doit disparaître à plein volume mais c'est inouï tant c'est parfait pour le chant de Pupa Jim.Ce minimalisme devient un écrin à chant et est à la juste valeur pour théâtraliser parfaitement l'approche de la voix. On perd un peu l’habitude, quand on entend un MC en sounds, d’écouter les variations de la voix et ce qu'elles peuvent transmettre, ici c’est l’alchimie parfaite sans se coller la tête contre le scoop et c’est chouette non ?

Ce Business of War commence sur un skank guitare classique puis un coup de Charley 808 Style et c'est la voix qui s'empare de l'espace.Son approche du riddim est sûrement le plus intéressant dans cette tune, car il ride le riddim avec rythme en se renouvelant suffisamment pour avancer sur un skank et un kick erratique, et quand les couplets de nos chers MC sont rarement à la hauteur de leurs refrains, ici vous profiterez d'un "couplet-maker" qui, quand vous aborderez le break War inna the East, vous laissera dans une incroyable tristesse de ne pas enchaîner sur un autre couplet (bon bah tu relance la tune, pull up…). Cette tune est vraiment Early dans son approche, on sent plein d'influences à la Kenny Knotts ou Tena Stelin dans le coté "isolé" du chanteur, la dimension mystique est évidente, mais on n'est pas dans le jeu assez galvaudé du prophète, mais plus du témoignage vocal et c'est killah as Well. La tune continue en discomix avec un dub très sobre et une ligne de mélodica un peu triste qui ne renvoie pas suffisamment l'incroyable positivisme de hauteur de voix de Pupa Jim, mais l'approche à la Uzinadub du riddim est quand même enrichie par une palette de sons personnels et bien trouvés. Ça flotte, c'est aérien, et l’on a encore envi d'entendre "Business of and war for the business", on s'en lasse pas…

La face B se pare d'un TV Addikt et de sa version, qui commencent par une entrée très "Unity Sound" ou "Firehouse" avec une drum line que Mickey Murka ne renierait pas et une intro surprenante aux allures des caraïbes avec un thème qui peut faire penser à du steel band.Puis le phrasé Pupa Jim s’arrache. Il est un peu dans la retenue, plus chanté à la White Mice en moins péchu.Ce qui est vraiment hallucinant c'est que l'on ne peut pas s'empêcher de penser aux camarades de Maffi, mais c’est différent, c'est super classique, c'est « un en plus » pas « un de plus ». Il est important de souligner la personnalité du phrasé de Pupa Jim, il puise dans son spectre vocal une approche très personnelle. Ce TV Addikt revisite les codes du genre et c'est le Feeling que Pupa Jim met dans sa voix qui teinte la "Classic Tune" en quelque chose de plus "Spleen", une forme de stepper romantique français en somme…

Tout un programme…

Pupajim en live avec Stand High aux solidays 09 (photo : Niz)