Malgré tout, les bordelais de Improvisators dub et les anglais de Iration Steppas (originaires de Leeds) ont franchi le pas pour produire un opus intitulé inna steppa dub. Un album qui résulte d’une date au printemps de Bourges 2007 précédé d’un travail préparatoire d’une semaine seulement. Ce concert fut un tel succès auprès des massives et auprès du public en général, qu’ils décidèrent de pousser le concept un peu plus avant. Cet album n’est pas le premier coup d’essai des Improvisators, puisqu’ils ont déjà réalisé moultes collaborations sur leurs 7 albums avec entre autre Highvisators (avec High Tone) en 2004 et Dub and Mixture en 2000 avec The Disciples (Russ D). Toujours intéressés, voir fortement influencés par la scène UK les bordelais se devaient de rebondir après leur dernier album RRUMMMBL ! qui sonnait un peu creux.


En cherchant un peu, il semblait évident qu’ils se tournent vers Iration Steppas, fer de lance de la scène Sound System en Angleterre et très souvent sur les routes de France (comme dit précédemment il y avait déjà eu des prémices en 2007 à Bourges). Du coté de Iration, même si ils ont plutôt l’habitude de travailler en « circuit fermé » au sein de leur propre crew, on peut aussi les retrouver en featuring comme sur le très bon DUBK003 avec Dubkasm (Babylon Ambush) ou encore sur Struggle avec Vibronics (sortit sur Scoops), mais c’est surtout en sound system qu’Iration opère et excelle.


Au final cela donne une rencontre qui offre un résultat intéressant en mélangeant les deux approches, l’une orientée scène et jouée avec des instruments, l’autre faite pour les sound et principalement digitale.


De prime abord, cette chronique voulait se détacher des aspects live et se concentrer sur le disque en lui-même, chose pas forcément évidente lors de l’écoute. On sent que ce disque est très fortement orienté pour la scène, vous pouvez toujours l’écouter dans votre sofa suédois, mais sachez que vous risquez d’être pris d’une envie de bouger et surtout de voir ca en live. Apres les avoir vu plusieurs fois sur scène, je peux vous assurer que l’album retranscrit bien l’énergie de celui-ci. Le live est puissant sans être violent, et tout le monde adhère à la vibe comme on a pu le voir pour le Télérama dub Festival 2008 ou tout le Trabendo sautait en l’air… chose rarement vu lors des Dub Station par exemple. Il faut dire que la quantité de bons morceaux, l’enchainement entre eux, et la fougue de Mark au micro y furent pour quelque chose. La particularité de ces lives c’est la complicité que l’on peut voir entre tous les membres de ce super collectif, des sourires échangés, un véritable esprit d’équipe se dégage de ce projet. Sans hésitation allez les voir en live, ca vaut vraiment le détour.

Ptit bonus au Trabendo pour le Télérama Dub Festival 2008 :



Pour ce qui est du disque en lui-même les titres et les compositions sont assez basiques voire simplistes, mais tellement efficaces, une efficacité condensée dans le titre Jah jah badda, dernière piste de la galette. A partir d’un riddim ultra simple, d’un coup de percu de temps en temps et d’un Mark qui chante « po poho ohohO », on se retrouve avec un morceau qui est tout bonnement hallucinant. L’efficacité est le mot d’ordre de cet album, des morceaux qui sont très simple mais qui donnent une furieuse envie de bouger, de danser. Coté « singles » vous avez peut être pu écouter les titres Critisize et Ghetto life chop raw cut sur le net (MySpace pour ne pas le citer), si ce n’est pas fait les voici :


Improvisators dub meets Iration Steppas - Critisize

Improvisators dub meets Iration Steppas - Ghetto life chop raw cut


Comme vous pouvez le noter ces morceaux sont des pures bombes et le disque en est plein. On notera simplement de notre point de vue que l’on sent beaucoup la touche Iration ; déjà parce que Mark Iration (il n’est pas tellement un chanteur à la base mais a fait des progrès ces derniers temps) chante sur tout les morceaux avec Jazboo sur Youthman , etmême Denis Rootical sur Injustice, ensuite parce que la touche des bordelais est beaucoup plus subtile. En effet la où Iration Steppas s’occupe de la partie machine, basse, chant et clavier, Improvisators est à la guitare, aux perçus, et au deuxième clavier. Néanmoins la touche française se sent par le fait que le steppa, même si steppa il y a, n’est pas du gros son à l’anglaise, une sorte d’intermédiaire, plus doux, plus abordable. Par exemple on ressent moins l’agressivité des productions de Iration Steppas, la vibe est pourtant bien présente mais elle est amenée de manière plus intelligente, distinguée et subtile.


Un point intéressant de ce projet et qui est entièrement géré par les anglais c’est la basse… c’est forcément indispensable dans un groupe de dub. Ici Dennis Rootical fait plaisir à voir avec sa basse, on est plutôt habitué à le voir derrière Mark durant les soirées sound system, mais là c’est lui qui gère la mesure. A noter que sur certains morceaux la basse est dédoublée par les machines de Mark, ce qui fait que l’on retrouve encore un aspect de la french dub connection avec une basse qui est principalement jouée et non digitale. Chaque morceau est suivit d’un dub plus ou moins long, ce qui donne une galette de 1h sans vraiment de coupure, ni de lassitude. Un des meilleurs disques de l’année


Ce disque qui s’annonçait comme une très bonne surprise de la fin de l’année vient confirmer ce que l’on pouvait en attendre, du steppa, des grosses basses et une production au top, des collaborations comme on en veut plus !


Petit message de Bordoscene :

On vous prépare une émission (soirée) spéciale ce mercredi de 20h à minuit sur o2 radio (Bordeaux). En effet, les émissions Bord 'O' Scène et Oxygène s'associent pour recevoir les pionniers du dub français.
A l'occasion de la sortie de leur nouvel album et de leur concert au Krakatoa, les Improvisators Dub seront avec nous pour retracer les 10 ans de carrière du groupe, parler du nouveau projet avec Iration Steppas et Manutension mixera live.
Nous en profiterons pour faire gagner des places pour aller les voir le 7 novembre au Krakatoa de Mérignac.
www.bordoscene.com



Tracklist:

1 - Cornal mind
2 - Cornal dub (chopz dub)
3 - Injustice
4 - Dub injustice
5 - Critisize
6 - Critisize dub (organ dub mix)
7 - Fuss nah fight (12"mix)
8 - Ghetto life
9 - Ghetto dub (chop raw cut)
10- Youth man (12"mix)
11- Wah wah (12"mix)
12- Jah jah badda (12"mix)